2011-04-01

La révolution tunisienne permet aux amoureux du grand écran de respirer l'air frais de la liberté et de profiter d'un nouveau monde du cinéma.

Par Houda Trabelsi pour Magharebia à Tunis – 01/04/11

[Houda Trabelsi] Le festival "Cinéma de la paix" a pour vocation de revitaliser l'industrie cinématographique en Tunisie.

La 11ème édition du festival du film "Cinéma de la paix" a ouvert ses portes le 28 mars au centre culturel Ibn Khaldoun de Tunis. Cette manifestation durera jusqu'au 3 avril, et propose des projections de films, des ateliers et des séminaires destinés à promouvoir une culture de la paix.

L'édition de cette année "a un nouveau format et une nouvelle saveur", a expliqué sa directrice, Saida Cherif. Il "n'a pas changé, ce sont les circonstances environnantes qui ont changé", a-t-elle ajouté.

Mme Cherif a poursuivi en soulignant que "aujourd'hui, au lendemain des récents évènements survenus en Tunisie, le rôle du cinéma en particulier et de la culture en général est essentiel pour permettre aux jeunes générations de trouver et d'exprimer leur personnalité, leur héritage, d'être réceptif à l'Autre, ce qui permettra de renforcer le principe de la paix dans l'approche de cultures différentes."

"Rendre hommage à la révolution tunisienne" a été le thème de l'avant-première, suivie d'une partie consacrée aux médias de masse, au cours de laquelle le film "Mad City" du réalisateur Costa Gavras a été projeté. Cette projection a ensuite fait l'objet d'une discussion par un groupe d'intervenants, parmi lesquels Neji Bghouri, secrétaire-général du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT).

"Je pense que la révolution créera un cinéma différent, d'une nature plus globale. Elle sera également une icône de paix, en particulier parce que la révolution du 14 janvier a été motivée par la recherche de la liberté et du respect de l'homme, l'exigence de meilleures conditions de vie, dans un environnement pacifique", a expliqué à Magharebia Moufida Rajah, l'une des participantes.

Outre les discussions, cette nouvelle édition comporte des ateliers dirigés par un groupe d'universitaires, comme "Cinéma et guerre" et "Analyse d'images", ainsi que plusieurs ateliers en soirée organisés à l'auberge de jeunesse de la vieille ville. Ces ateliers sont en partie parrainés par la Fédération tunisienne des clubs de cinémas, qui organise le programme de cette année.

Ce festival permet également de débattre de sujets comme la Palestine, la corruption, les droits des femmes et la musique. Un long-métrage sera également produit sur la démocratie, sous la direction d'Ahmed Galasi.

Sondes Salem, étudiant en cinéma, a expliqué à Magharebia que "le cinéma tunisien n'a pas encore atteint le stade du mondialisme en abordant des sujets qui intéressent le monde entier, comme la paix, un sujet riche et complet, dans le cadre duquel des idées neutres peuvent être mises en avant concernant toutes les guerres, la destruction et le bain de sang auxquels on assiste actuellement dans le monde."

"La révolution tunisienne peut être considérée comme le point de départ de la fondation d'une culture cinématographique maghrébine en Tunisie, parce que notre révolution se fonde sur la paix à la poursuite de la liberté et de l'intégrité", a ajouté Salem.

Le jeune producteur Achref Abid a expliqué à Magharebia que ce festival était "une bonne initiative dans le sens du développement du cinéma en Tunisie". Mais il a ajouté que "le cinéma ne peut pas être un outil au service de l'affirmation des principes de la paix, parce que chaque réalisateur a sa propre vision et sa propre culture, qui résultent de ses propres origines. Ce qu'il perçoit comme la paix peut être perçu par d'autres comme tout à fait le contraire. Les films projetés lors de cette édition sont considérés comme des films à orientation révolutionnaire, dirigés par des réalisateurs du Tiers-Monde, qui cherchent à envoyer un message au monde."

Un sentiment partagé par Soumaya El Abed, une cinéphile. "Malheureusement, le cinéma a souvent été le porte-parole de régimes tyranniques qui ont coûté la vie à des nations innocentes."